Savoie (De la rédaction de l’Agence de presse indépendante de Savoie, APIS).— La gendarmerie française, intervenant sur place même samedi matin 13 juin 2015, a signifié aux indépendantistes savoisiens organisateurs de «ces bicentenaires» —soit le Gouvernement provisoire de l’État de Savoie, établi à Genève, et l’association loi 1901 «Direction aux affaires savoisiennes», siégeant à Saint-Gervais-les-Bains— qu’ils ne pouvaient «fêter» à Vougy, près de Bonneville, les 200es anniversaires de «la victoire à Waterloo et la neutralité de la Savoie», acquises toutes deux en juin 1815, à neuf jours d’intervalle.
Motif invoqué: le terrain privé, creusé de deux lacs et situé le long de l’autoroute Blanche (A 40) vers Chamonix, sur lequel devait se dérouler ce samedi après-midi 13 juin 2015 le premier des deux jours consécutifs de “fête”, avait été promis par son propriétaire aux organisateurs d’une autre manifestation.
Le périmètre, grillagé et fermé d’un portail, appartient à la société anonyme d’économie mixte à conseil d’administration «Autoroutes et Tunnel du Mont-Blanc», de Paris, que l’État français détient à 67,30%. Parmi les autres actionnaires se trouvent les départements français de l’Ain et de la Haute-Savoie (18,62%), la République-canton et la ville de Genève (5,42%). Le président-directeur général d’«Autoroutes et Tunnel du Mont-Blanc», dont le capital s’élève à 22 millions 300.512 euros, est nommé par l’État français.
Nonobstant l’impossibilité «d’organiser [le] repas ainsi que [la] soirée dansante» prévus ce samedi 13 juin 2015, le Gouvernement provisoire de l’État de Savoie et l’association «Direction aux affaires savoisiennes» entendent tenir à Vougy, sur le terrain réservé à cet effet par un de leurs membres dès l’automne 2014 auprès d’«Autoroutes et Tunnel du Mont-Blanc», la «réunion» politico-historique programmée «cet après-midi» du samedi 13 juin 2015 «à partir de 16 h» ainsi que l’intégralité de «la journée de dimanche» 14 juin 2015, de «10 h à 18 h».
La défaite —fatale à son règne— que l’empereur des Français Napoléon Ier avait essuyée le 18 juin 1815 dans la plaine de Waterloo, à seize kilomètres et quelques au sud de Bruxelles, est regardée comme une «victoire» par les indépendantistes nord-alpins dans la mesure où elle sonna le glas de l’occupation française de la Savoie. Celle-ci, d’une durée d’environ vingt-trois ans, avait débuté sous la Révolution française lorsque, dans la nuit du 21 au 22 septembre 1792, sans déclaration de guerre, les troupes de la Convention nationale envahirent le duché, partie intégrante d’un royaume dont la capitale était Turin.
Neuf jours avant Waterloo, le 9 juin 1815, les puissances alliées contre la France impériale, au premier rang desquelles l’Autriche, la Grande-Bretagne, la Prusse et la Russie, avaient signé l’acte final d’un congrès de dénapoléonisation de l’Europe réuni à Vienne, la capitale autrichienne, depuis le 18 septembre 1814 [en illustration, une gravure représentant les congressistes, signée du portraitiste lorrain Jean-Baptiste Isabey].
L’article 92 de cet acte final avait concédé aux Savoisiens septentrionaux la disposition suivante: «Les provinces du Chablais et du Faucigny, et tout le territoire de Savoie au nord d’Ugine […] feront partie de la neutralité de la Suisse telle qu’elle est reconnue et garantie par les puissances» réunies à Vienne. Voilà pourquoi, outre celui de «la victoire à Waterloo», les indépendantistes du Gouvernement provisoire de l’État de Savoie et de l’association «Direction aux affaires savoisiennes» convient à «fêter» le 200e anniversaire de «la neutralité de la Savoie». Ils la considèrent toujours en vigueur nonobstant le fait que l’un des traités de paix de la Première Guerre mondiale, signé à Versailles le 28 juin 1919, l’ait abrogée en ces termes (article 435): «Les hautes parties contractantes […] constatent […] que les stipulations […], déclarations et autres actes complémentaires relatifs à la zone neutralisée de Savoie […] ne correspondent plus aux circonstances actuelles».
(APIS, 13 juin 2015)