NOUVEAU DÉCOUPAGE DES RÉGIONS
L’ANTI-RÉGIONALISATION DE FRANÇOIS HOLLANDE
Le meccano régional concocté par François Hollande, coupé des réalités de terrain, va conduire aux pires difficultés. Décidé d’en haut, pétri de tous les réflexes jacobins, niant les réalités culturelles de la Bretagne, de l’Alsace, de la Savoie, du Pays Basque de la Catalogne et de l’Occitanie, le projet Hollande va à l’encontre de toutes les valeurs qui fondent l’idée régionaliste, basée sur des réalités humaines et non sur des oukases technocratiques venus du cœur de l’Etat central.
La carte administrative française actuelle est héritée des « grandes régions de programme » des années soixante, quand l’Etat aménageur, piloté par une omni-puissante DATAR, avait quadrillé le territoire hexagonal en zones d’activités pour y plaquer de colossaux programmes d’aménagement, compartimentant ainsi le développement d’une région à l’autre : la chimie et la sidérurgie à Fos sur mer, le tourisme sur le littoral languedocien (la Grande Motte) et accessoirement en Corse avec le schéma d’aménagement de la SETCO, les télécom et l’agriculture intensive en Bretagne, l’aérospatiale à Toulouse, etc… On sait à quelles erreurs les mécanos technocratiques conduisent habituellement. Avec François Hollande on vient d’en ressusciter les aspects les plus pervers.
Le premier mécanisme consiste à définir un concept nouveau, la « région de taille européenne », censé tout expliquer et tout justifier.
En fait, tout projet bureaucratique commence par un mensonge avéré, asséné comme une vérité centrale. C’est une marque de fabrique ! Il y a en Europe environ 230 régions, qui sont bien évidemment de toutes les tailles. Il y en a de très grandes comme la Bavière -12 millions d’habitants pour 70500 km²- ou encore le Piémont -4,5 millions d’habitants pour 25400 km²-, mais aussi de toutes petites comme le Val d’Aoste en Italie -130000 habitants pour 3263 km²-, et même dans les länder germaniques, en Allemagne -land de Bremen 660.000 habitants sur 404 km²- et en Autriche comme le Tyrol -704.000 habitants sur 12.500 km²- et le Voralberg -372.000 habitants sur 2.600 km². Partout, une région est définie par une histoire, une culture, un bassin de vie, un lieu où des femmes et des hommes partagent un « vivre ensemble ». Certainement pas par une définition numérique et statistique !
Que l’ensemble soit grand ou petit est donc indifférent au processus de création des régions européennes, et parler de « régions de taille européenne » pour argumenter la réforme proposée aujourd’hui en France n’a aucun sens, si ce n’est pour valider la vision technocratique jacobine -tous pareils-, et fermer la porte aux affirmations régionales réelles, comme le démontre la fin programmée de la région Alsace, l’occultation totale d’une région Savoie et des collectivités territoriales spécifiques pour le Pays Basque et la Catalogne. Tout aussi significatif est l’imbroglio qui a écarté la création d’une région Bretagne à cinq départements, alors que, justement, la Bretagne réunifiée correspondait « pile-poil » au projet standardisé mis en avant par l’Elysée pour les nouvelles régions françaises. Mais il ne fallait surtout pas toucher aux tabous jacobins !
En fait le seul « standard européen » qui compte pour aller vers plus de régionalisation, c’est celui des compétences et des pouvoirs réels dévolus aux régions. Et là, entre la France et le reste de l’Europe, c’est le grand écart, et rien n’est fait dans cette réforme, bien au contraire, pour le réduire. Ainsi, si les « nouvelles régions » auront par exemple compétence pour adopter un « schéma régional de développement économique », ce dernier sera soumis à « l’approbation du représentant de l’Etat en région ». Et tout à l’avenant : dans les régions françaises, c’est le Préfet qui gardera la haute main sur le véritable pouvoir régional. Ce qui n’existe nul part ailleurs en Europe où l’autonomie des exécutifs régionaux est la règle.
Avec cette nouvelle réforme décidée d’en haut, on met en place des Conseils Régionaux hors sol, sur des territoires découpés sur la base de critères démographiques arbitraires, et l’autonomie de ces régions sera chaperonnée sur tous sujets par le Préfet. Appeler ça « un acte de décentralisation » relève de l’escroquerie sémantique, telle qu’on la connait dans les régimes totalitaires. Chacun se souvient par exemple que la République Démocratique Allemande (ex-RDA) n’était pas la plus démocratique des deux Allemagnes !
Enfin, ce qui frappe dans le projet soumis à discussion, c’est le traitement de la question corse sur fond de plusieurs mois de travail et de délibérations de l’Assemblée de Corse sur la base du rapport Chaubon. Ainsi l’article 10 traite des « dispositions spécifiques à la Collectivité Territoriale de Corse ». Il apporte en tout et pour tout les deux novations suivantes :
« le président du conseil exécutif assiste de droit aux réunions de la Commission permanente »
« lorsque le président et l’ensemble des membres du Conseil Exécutif démissionnent collectivement, ils retrouvent de plein droit leur mandat à l’Assemblée de Corse ».
Autant dire que, pour la Corse, la révolution institutionnelle est en marche !!!
Enfin, ce qui frappe dans le projet soumis à discussion, c’est le traitement de la question corse sur fond de plusieurs mois de travail et de délibérations de l’Assemblée de Corse sur la base du rapport Chaubon. Ainsi l’article 10 traite des « dispositions spécifiques à la Collectivité Territoriale de Corse ». Il apporte en tout et pour tout les deux novations suivantes :
« le président du conseil exécutif assiste de droit aux réunions de la Commission permanente »
« lorsque le président et l’ensemble des membres du Conseil Exécutif démissionnent collectivement, ils retrouvent de plein droit leur mandat à l’Assemblée de Corse ».
Autant dire que, pour la Corse, la révolution institutionnelle est en marche !!!
François ALFONSI
5.6.2014