Conférence de Jean-Marc Jacquier
sur les 40 ans de La Kinkerne
Mercredi 16 Avril 2014
Vous aurez tout tout tout sur les début des années folk, sur les collectages de chansons, de musique, et de danses sur les enregistreurs à bande auprès des anciens que certains ont connu comme la Doxie. Vous pourrez demander tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la genèse de La Kinkerne et sa géométrie variable ainsi que sur les débuts de Jean-Marc Jacquier, musicien de jazz et facteur à Viuz.
La conférence est accueillie par Paysalp à la Maison de la Mémoire, Ecomusée Paysalp, 800 avenue de Savoie à Viuz-en-Sallaz à 20h30.
On projette d’y faire une exposition de photos prises tout au long des quarante années de La Kinkerne.
Entrée 5€ (3€ pour les adhérents Feufliâzhe et Paysalp)
JOURNEE DU 26 AVRIL 2014 – LES 40 ANS DE LA KINKERNE
Grande journée pleine d’évènements Feufliâzhe :
Le matin : Stage de yodels, atelier diato.
L’après-midi : stage de danses de Savoie
Le soir : concert de La Kinkerne suivi d’un bal
A la salle polyvalente d’Onnion à 20h30
Entrée : 13€ (10€ pour les adhérents Feufliâzhe)
Venez, petits et grands, jeunes et vieux, pour écouter, vous souvenir ou découvrir, chanter et danser, que vous sachiez les pas ou non…
Extrait d’un article du CMTRA :
Je suis de famille savoyarde depuis de nombreuses générations. Né en 49, j’ai connu les dernières veillées où l’on se réunissait l’automne le samedi soir pour manger la fondue, ça chantait encore, ça jouait aux cartes. L’été, je passais les vacances à Mieussy, ça chantait en alpage, le soir en mangeant la soupe, après les travaux.
Mon père jouait de la trompette dans la fanfare de Ville-la-Grand, il a aussi fait du bal musette. J’ai appris l’accordéon. Je suis entré dans la fanfare de Ville-la-Grand, un vieux musicien de la fanfare nous montrait un peu les notes pour nous apprendre à déchiffrer. Ensuite j’ai animé des soirées et des bals. J’ai fait du jazz, du trombone New-Orleans à Genève.
Avec le début du mouvement hippie, j’ai tout arrêté pour voyager. J’avais acheté un Uher, c’était ce qui se faisait de mieux en magnétophone portable, en dehors du Nagra qui était hors de prix. Je suis resté 10 jours dans un festival de free-jazz et de pop en Belgique, j’ai tout enregistré, écouté, discuté avec des musiciens, etc. Je ne suis pas retourné au boulot. En voyageant, je me suis aperçu que je me sentais bien avec les peuples de montagne. J’ai retrouvé des démarches, des gestes que j’avais pris en alpage.
Parallèlement j’ai écouté Stivell, et je me suis dit “pourquoi il n’y aurait pas quelque chose d’intéressant chez moi en Savoie ?” J’ai toujours eu conscience que la Savoie était une terre à part.
Je me suis intéressé à tout ça, j’ai fait des recherches, et j’ai rapidement flashé sur des violoneux, et sur le son du cor des Alpes. C’est là que j’ai commencé à me fixer. Pour gagner ma vie je faisais des remplacements de facteur dans la vallée du Giffre, où il y avait une forte tradition de chant et de musique. Comme les gens me connaissaient, je pouvais plus facilement retourner les enregistrer en fin d’après-midi ou en soirée.
Je collectais suivant mes moyens. J’avais mon Uher, mais les bandes coûtaient assez cher. C’est vrai que j’ai loupé pas mal de collectages à cause de ça. J’étais soutenu par Charles Joisten, qui était conservateur au Musée Dauphinois. Il me filait des bandes, je faisais des copies au Musée Dauphinois, et on a pu vérifier que 20 ans après ses propres enquêtes, voire plus, tout était resté bien ancré dans la mémoire collective. C’est ça qui était intéressant. Je collectais tout, des recettes de cuisine, des remèdes de bonne femme, des contes et légendes et de la musique… Ça me paraissait important de tout prendre. J’ai collecté d’abord sur la Haute-Savoie, ensuite sur la Savoie.[…]
Que ce soit en musique ou en chanson, il y avait des vraies richesses. J’ai eu la chance de rencontrer des personnages, comme la Doxie, auprès de qui j’ai enregistré plus de 120 chansons, ou bien Louis Ouvrier Bonnaz (violoneux, accordéon diatonique et chromatique, harmonica) auprès de qui j’ai collecté plus de 80 airs de danse. Assez vite je me suis plus dirigé sur les musiciens, il n’y avait pas d’enquête sur la musique.
Pour les chansons, il y avait eu des curés et des instits, qui ont fait un gros travail au XIXe et début XXe. On parle toujours de Ritz et Servettaz, ce sont les plus connus, Tiersot après s’est inspiré d’eux. Mais il y en a d’autres, plus locaux, notamment sur la collecte du patois. Tout ça n’a pas été publié. Il y a encore un gros travail à faire pour qui aime les recherches en archives. Il ne faut pas oublier qu’en Savoie les gens savaient écrire depuis longtemps, comme en Dauphiné. C’est pour ça qu’on retrouve des cahiers de chants très anciens. […]
Dans la manière de jouer, je persiste à dire qu’il y a un style alpin. On joue par exemple du violon beaucoup en double cordes. Le son est toujours renforcé, et le rythme est marqué suivant les danses, qui ne sont pas des danses qui s’élèvent, comme en Provence, mais des danses à terre. Il faut sentir le sol. Ce qui est également constant à tout l’arc alpin, c’est qu’il n’y a jamais d’unisson. L’habitude d’employer des percussions est également significative. Les gens accompagnaient les musiciens, avec les moyens dont ils disposaient, cuillers, outils, claquements de pieds, frottements, etc. Les gens inventaient, ils n’avaient pas les moyens de se payer des vrais instruments.
Le fait de jouer en orchestre était important aussi, j’ai retrouvé des exemples à Samoëns, avant la guerre de 14, il y avait jusqu’à 22 musiciens dans la grande bande de carnaval.
Est-ce que les gens chantaient en polyphonie ?
Oui. J’emploie le terme de polyvocalité, en m’inspirant des valdotains, qui utilisent ce terme-là, ça différencie de la polyphonie qui a une connotation classique, plutôt écrite.
En Savoie, on appelle ça la contrevoix. On la retrouve encore maintenant, dans des bistrots, même si ça se perd. Pendant longtemps, dans mes collectages, j’ai privilégié les solistes, pour avoir une mélodie plus nette, et des paroles plus compréhensibles. J’avais peu d’exemples de contrevoix. Je ne me rendais pas compte que c’était rare, je l’avais toujours entendu comme ça. J’ai récupéré des enregistrements de 1961 en alpage où on entend chanter jusqu’à 5 voix différentes entre les hommes et les femmes. […]
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Merci à la mairie d’Onnion